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Activer sa graisse brune pour maigrir et vaincre le froid

Source : Par Frédérique Sauvée, Espaces, 24 février 2016

Brûler des calories tout en améliorant sa résistance au froid, c'est le principe génial de la graisse brune ! Cette masse de tissus adipeux transforme les lipides en source de chaleur, au lieu de les stocker. En dormant dans une pièce à 19 degrés, les adultes pourraient même développer leur propre réserve et… devenir plus résistants au froid. On s'y met quand ?

Maisons et bureaux surchauffés, journées entières passées à l’intérieur, peur d’attraper la grippe : notre mode de vie sédentaire, en hiver, réduit de façon significative notre résistance au froid. Pire : cette tendance à l’hibernation est encore plus nocive lorsqu’elle est cumulée à une alimentation trop riche et trop grasse.

Pendant des millions d’années, l’homme et ses ancêtres ont pourtant combattu le froid et la faim en hiver; aujourd’hui, il prend au contraire du poids en saison hivernale. Un système de compensation qui conduit à des phénomènes de surpoids difficiles à freiner.

Mais voici que les résultats d’une étude québécoise*, menée en 2012 aux facultés de médecine de l’Université Laval et de l’Université de Sherbrooke, pourraient changer la donne : selon celle-ci, le corps est capable de renverser la tendance, à condition de développer de la « bonne graisse ». 

GRAISSE BRUNE : MODE D’EMPLOI

Recouverts d’une combinaison refroidissante réglée pour abaisser la température de leur corps de 3,8 degrés, six hommes âgés de 24 à 42 ans ont ainsi fait l’objet d’une étude sur la production de chaleur par l’organisme, aussi appelée thermogénèse. Le responsable de l’étude, le professeur Denis Richard, s’est particulièrement penché sur l’activation de la graisse brune, un tissu adipeux brun qui possède la caractéristique, s'il est exposé au froid, de brûler une quantité significative de calories stockées dans d’autres graisses du corps, à la manière de mini-usines thermiques qui se serviraient surtout des lipides et des sucres comme combustibles. 

Cette « bonne graisse » est très présente chez les nourrissons, les petits mammifères et les animaux qui hibernent, et elle permet de maintenir la température de leur corps. Jusqu’à tout récemment, on croyait que ce tissu disparaissait après l’âge d’un an, explique le professeur Richard dans son étude. Il semble toutefois en subsister suffisamment – environ 200 g par personne en moyenne – chez les jeunes adultes pour influencer fortement leur métabolisme lors d’une exposition au froid. 

Localisée dans le cou, au-dessus des clavicules et près de la colonne vertébrale et du cœur, cette graisse brune est invisible à l’œil nu et serait bien plus présente chez les jeunes femmes minces que chez les personnes obèses ou diabétiques, qui n’en possèdent pas ou très peu.

« Bien qu'elle soit nettement inférieure à celle induite par l'activité physique, la thermogénèse liée à l'activation de la graisse brune augmente tout de même le métabolisme de façon notable», souligne le professeur Richard, dans un article paru dans Le Fil, journal communautaire de l'Université Laval. Son étude prouve ainsi que plus l’activité de cette graisse augmente, moins le corps est porté à frissonner. 

«Nous ne recommandons pas aux gens de s'exposer volontairement au froid pour activer leur graisse brune », poursuit le professeur. Mais ce spécialiste de l’obésité croit néanmoins que cette « chaudière métabolique », qui brûle des calories et qui permet de mieux contrôler les niveaux de sucre dans le sang (glycémie), pourrait être mise à contribution pour lutter contre le surpoids.

DES SOLUTIONS VIVIFIANTES

Au lieu de s’exposer au froid, ne serait-il pas plus simple de changer ses habitudes de vie pour aider son corps à mieux le combattre ? C’est ce que suggère une autre étude**, menée cette fois par Francesco S. Celi et ses collègues du National Institute of Diabetes and Digestive and Kidney Diseases de Bethesda, au Maryland

Selon eux, en abaissant la température de la chambre à coucher à 19 degrés ou moins, on pourrait doubler en un mois notre volume de graisse brune. Du coup, on augmenterait notre dépense énergétique pendant la nuit ainsi que notre résistance au froid, tout en favorisant une meilleure qualité du sommeil.

Il est aussi de notoriété publique que pour que le corps soit à même de combattre le froid, il doit absorber assez de nourriture, surtout lors de longues expositions à de basses températures. Mais oubliez les raclettes, fondues et autres plats rassasiants, et privilégiez plutôt des apports conséquents en protéines pour créer de la chaleur, en soutien aux mini-chaudières de nos cellules – avant vos randonnées hivernales, par exemple.

Du reste, il est primordial de sortir s’aérer autant que possible, de prendre une marche le midi et de se dépenser dehors la fin de semaine. En plus de permettre de profiter de l’hiver, ceci permet au corps de réapprendre à combattre le froid et à se réchauffer par lui-même. Pour ce faire, inutile de trop se couvrir : mieux vaut utiliser le système multicouches, voire apprendre à avoir un peu froid au début d’une activité, en prévision du moment où le corps, avec sa fameuse graisse brune, brûlera les lipides stockés pour le réchauffer.

Enfin, dans le même esprit, il est également important de ne pas surchauffer sa maison (autour de 21 degrés en hiver) ni son milieu de travail. Apportez donc un exemplaire de cet article à votre patron pour l’inciter à baisser le thermostat de vos bureaux ! 

Références :
* Résultats de l’étude menée par la collaboration COLosSUS parus dans The Journal of Clinical Investigation en 2012 : jci.org/articles/view/60433
** Résultats de l’étude du National Institute of Diabetes and Digestive and Kidney Diseases en 2013 : 
press.endocrine.org/doi/full/10.1210/jc.201..

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