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De la poésie à marcher: Kanasuta

By Nathalie Schneider, Géo plein air

Emprunter le sentier de la Yol, dans le secteur Kanasuta, n’est pas seulement un grand plaisir, c’est aussi un privilège, car ce territoire longtemps exploité pour ses ressources est devenu le symbole de la lutte des écologistes locaux contre les coupes à blanc. Et c’est précisément cette petite montagne – le mont Kanasuta – qui a donné son titre au plus récent album du fervent Richard Desjardins. Certes,sur le plan forestier, l’endroit ne peut être jugé exceptionnel, hormis un petit peuplement de peupliers « à grandes dents », une essence très rare à cette latitude, en attente d’une désignation officielle d’« Écosystème forestier exceptionnel » (EFE). Mais la vue qu’on décroche sur la montagne du Lion, la colline chamanique, sur les collines Kekeko et sur le lac Opasatica en contrebas est spectaculaire. Celui-ci était un corridor de circulation fluviale majeur pour les Algonquins. 

Territoire de coupes, le secteur Kanasuta est également dans la visée des sociétés minières. Pour l’instant, ce territoire est désigné « Réserve à l’État », un statut de protection temporaire qui gèle l’octroi de nouveaux droits miniers mais qui n’interdit pas l’exploitation des droits existants. Ce statut a été conféré par le gouvernement du Québec pour gagner du temps sans prendre vraiment parti dans cet inextricable partage du territoire entre environnementalistes et sociétés minières. Et pour dissuader les velléités d’exploration sur ce territoire. Gros défi : nous sommes ici sur la faille Cadillac, l’une des plus belles zones géologiques du monde, et dans une culture minière qui sous-tend tout le développement régional. C’est à côté d’une mine qu’on trouve une autre mine, rapporte un dicton local ; c’est dire la valeur que représentent ces quelques arpents de bois. « Au ministère [du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs], nous croyons que certaines zones où le potentiel minier est moindre ou nul pourraient être converties en aires protégées », explique Benoît Larouche, biologiste et répondant régional pour les dossiers de patrimoine écologique. 

Un projet de réserve écologique est déposé pour protéger un petit territoire de 21 km2 au coeur du secteur Kanasuta, ce qui pourrait suffire à y faire cesser l’exploitation. Et permettrait aux amoureux du plein air de continuer à y marcher.